Toxoplasmose
La toxoplasmose est une infection qui touche environ 30 à 80 % de la population saine au cours la vie.
En Europe, elle se manifeste généralement sans symptômes cliniques, c’est-à-dire lorsque le système immunitaire est sain. Cependant, elle est parfois ressentie comme une maladie fébrile avec fatigue et gonflement des ganglions lymphatiques, pendant plusieurs semaines. Sur d’autres continents, en particulier en Amérique du Sud, des manifestations beaucoup plus agressives sont la règle, où une personne sur deux souffre d’une atteinte oculaire.
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GÉNÉRAL, EXPLICATION DES TERMES
Toxoplasma gondii, l’agent responsable de la toxoplasmose, est un parasite planétaire, présent sur pratiquement tous les continents. Sous sa forme de kyste, résistant à l’environnement, il résiste à la fois à la chaleur et à la dessiccation, ce qui a contribué à sa large diffusion. Il est absorbé, à l’échelle mondiale, à travers les aliments, y compris par les herbivores (végétariens), et se transforme rapidement en sa forme active, les tachyzoïtes, dans le corps de son hôte. Il pénètre dans la circulation sanguine et dans presque tous les tissus de l’organisme. Il peut s’y multiplier jusqu’à ce que le système immunitaire de l’hôte ait pris le contrôle sur l’agent pathogène. Les humains ne remarquent presque jamais l’infection, alors qu’elle peut être mortelle chez certaines espèces animales, en particulier chez les rongeurs. L’infection induit la formation d’anticorps. L’agent pathogène est alors attaqué par le système immunitaire et forcé de se cacher dans les tissus. Pour ce faire, il adopte une nouvelle forme de survie en se transformant en kystes tissulaires, qui ne peuvent plus être atteints par le système de défense de l’organisme. Les kystes sont alors présents à vie dans presque tous les tissus de l’hôte et le parasite attend une occasion favorable, par exemple une faiblesse du système immunitaire, pour redevenir actif.
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TOXOPLASMOSE ACQUISE
A un moment où à un autre, dans le cadre de la chaîne alimentaire, les rongeurs et les oiseaux transmettent l’agent pathogène enfermé dans ses kystes tissulaires à d’autres carnivores, dont les chats. Ce n’est que chez les chats que l’agent pathogène peut, par une étape de reproduction sexuée, muter en kystes résistants à l’environnement, qui sont excrétés en grande quantité par les chats infectés et peuvent ainsi coloniser toute la surface de la terre. Comme le chat n’est pas le seul porteur de l’infection, le fait de le tenir à l’écart ne représente pas, comme on l’a longtemps cru, une protection contre l’infection. Sous nos latitudes, la plupart des gens ingèrent l’agent pathogène avec leur nourriture, surtout avec de la viande qui n’est pas complètement cuite. Ce n’est qu’au contact direct avec les excréments des chats ou de la terre, par exemple dans un bac à sable ou en travaillant dans le jardin, que l’ingestion d’un kyste peut entraîner une infection. C’est pourquoi il n’est pas rare que les végétariens soient infectés. Les kystes se dissolvent dans l’estomac et les intestins, et l’agent pathogène pénètre la paroi gastro-intestinale et la circulation sanguine. C’est ainsi que se développe la toxoplasmose acquise.
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GROSSESSE
L’infection, qui ne pose pas de problème en soi, peut devenir dangereuse même en Europe si elle est contractée, pour la première fois, pendant la grossesse. L’agent pathogène peut alors se transmettre à l’enfant à naître par la circulation sanguine et le placenta. A cause de son système immunitaire immature, l’enfant n’est pas encore en mesure de se protéger suffisamment, de sorte que l’agent pathogène peut se propager au cerveau et aux yeux et causer de graves dommages.
La majorité des personnes sont infectées par la toxoplasmose au cours de leur vie. Si des anticorps sont présents dans le sang de la mère au début de la grossesse, cela signifie que l’infection était déjà présente dans l’organisme avant la grossesse et que le système immunitaire contrôle suffisamment l’agent pathogène. L’enfant est ainsi protégé contre la transmission de l’infection. Entre 20 et 40 ans, plus de deux tiers des femmes en Europe du Nord et Centrale ne sont pas encore infectées, c’est-à-dire qu’elles sont séronégatives. Cela signifie qu’en théorie, elles courent un risque allant jusqu’à 1 % de développer la toxoplasmose pendant la grossesse. Dans environ un tiers de ces grossesses, l’infection est transmise à l’enfant, qui développe alors une toxoplasmose congénitale. Le fait que l’enfant soit cliniquement sain ou gravement malade, ou qu’il présente des signes de maladie au cours de sa vie, dépend de l’avancée de la grossesse au moment de l’infection de l’enfant. Le diagnostic préventif chez la femme enceinte est conseillé pour une détection précoce de la nouvelle infection, qui aurait pu échapper à l’attention de la future mère, et pour pouvoir traiter l’infection, si nécessaire, à un stade précoce, à l’aide d’un traitement pour la mère et l’enfant.
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SYMPTÔMES
Cicatrice maculaire typique sur l'œil gauche d'un garçon de 12 ans, par ailleurs en bonne santé, atteint d'une toxoplasmose congénitale connue qui n'a "affecté" que les yeux. En raison de la cicatrice située à l'endroit où la vision est la plus nette (macula), l'acuité visuelle de cet œil est réduite au comptage des doigts et à l'orientation spatiale, mais le champ visuel est normal.Même patient que ci-dessus. Plusieurs cicatrices peuvent être observées sur la rétine de l'œil droit, ce qui démontre que l'inflammation a été active plusieurs fois (récidives). Le foyer blanc et flou, directement à côté de l’endroit de la vision la plus nette, est une récidive récente, que le patient a remarqué tout en ayant une assez bonne acuité visuelle, principalement en raison de l'opacification devant la rétine. Ces changements, souvent perçus comme des mouches devant l'œil, sont causés par les ombres des cellules inflammatoires à l'intérieur de l'œil.
La toxoplasmose congénitale et la toxoplasmose acquise peuvent, toutes deux, provoquer des symptômes et des maladies oculaires. On ne sait pas encore quels sont les facteurs qui favorisent une atteinte des yeux. L’inflammation de l’intérieur de l’œil, qui en résulte (rétinochoroïdite ou choriorétinite = inflammation de la rétine et de la choroïde), constitue une menace pour la vision de l’œil atteint. En effet, si le centre de la rétine (macula) est touché, la capacité de lecture de l’œil est menacée et peut même être perdue. L’implication directe de la macula se retrouve dans jusqu’à 30% des deux formes de toxoplasmose, mais probablement moins fréquemment dans la toxoplasmose oculaire acquise. Lorsque la macula est détruite par la toxoplasmose, la vision directe est généralement très mauvaise (les objets de grande taille ne peuvent être identifiés que par un regard oblique et non direct), mais le champ de vision reste en grande partie normal. En conséquence, un strabisme peut se produire.
Un autre problème lié à l’atteinte oculaire est dû au fait que la maladie, inactive à vie chez certaines personnes par ailleurs en bonne santé, peut, sans cause apparente ou signes précurseurs, faire une poussée aiguë dans l’œil provoquant de nouvelles perturbations visuelles et constituant une menace supplémentaire pour la vision.
L’atteinte du second œil n’est pas rare, surtout si des cicatrices sont déjà présentes. Cependant, les troubles visuels bilatéraux sont très rares de nos jours, et dépendent évidemment du fait que l’enfant ait subi un traitement, ou non, pendant la première année de sa vie en cas de toxoplasmose confirmée. Si le deuxième œil n’a pas de foyer de virus au milieu de la rétine, le risque est encore plus faible. Cependant, même s’il y a un foyer au milieu de la rétine, le deuxième œil peut généralement maintenir une très bonne acuité visuelle si le diagnostic est posé à temps.
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DIAGNOSTIC
Il n’est pas possible de diagnostiquer la toxoplasmose oculaire à partir du sang (sérum). Dans la plupart des cas, en présence d’un doute sur le diagnostic, il peut être confirmé par un examen parallèle du sang et de l’humeur aqueuse (liquide de l’œil intérieur).
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TRAITEMENT
Il existe différents antibiotiques pour le traitement de la toxoplasmose oculaire, mais leur problème à tous est leur mauvaise tolérance, de sorte que le traitement n’est pas systématiquement recommandé. Il doit absolument être déconseillé en cas de menace pour la fonction visuelle. Pour le traitement typique de la toxoplasmose oculaire, une combinaison de deux antibiotiques (les plus couramment prescrits sont le Daraprim ® et la Sulfadiazine ® ou une préparation combinée telle que le Cotrim forte ®) doit être administrée pendant plusieurs semaines. Toutefois, cette association n’est pas en mesure de tuer l’agent pathogène, mais peut seulement le changer de forme active en une forme dormante. L’un des arguments en faveur du traitement est que, les patients qui sont traités, font probablement moins de rechutes que les patients qui ne le sont pas. Jusqu’à présent, il n’y a aucune preuve clinique à cela, mais tout du moins des preuves expérimentales sur les animaux. En plus de la thérapie mentionnée ci-dessus, l’acide folique (par exemple Lederfolat) est souvent prescrit pour favoriser la formation du sang, en particulier chez les femmes enceintes. Cela neutralise l’effet de la thérapie antibiotique et doit être évité à tout prix. En revanche, l’ajout d’acide folinique, beaucoup plus coûteux, renforce l’effet des antibiotiques et doit être considéré comme utile pour le traitement de la toxoplasmose.
Il est rare que la toxoplasmose oculaire entraîne des problèmes secondaires de l’œil tels que la cataracte, le glaucome ou le décollement de la rétine, même si des opacités vitrées inquiétantes sont toujours observées au début, mais elles disparaissent généralement dans la plupart des cas.
Dans la toxoplasmose congénitale, l’atteinte oculaire n’est souvent pas présente à la naissance et peut survenir des décennies plus tard. C’est pourquoi il est conseillé de procéder à deux ou trois inspections du fond d’œil au cours de la première année de vie, puis à des inspections annuelles jusqu’à l’âge scolaire, afin de pouvoir reconnaître et traiter à un stade précoce une activation de l’infection menaçant la fonction visuelle et pour pouvoir assister les patients dans leur développement scolaire et professionnel, en fonction de leur fonction visuelle, lorsque des troubles visuels apparaissent ou augmentent. En revanche, les examens préventifs ne semblent pas être utiles dans le cas de la toxoplasmose oculaire de l’adulte, car ils ne permettent pas de prédire la récurrence de la maladie. Généralement, la maladie se manifeste par une vision floue ou brumeuse ainsi que par la présence de mouches devant l’œil ; si ces symptômes apparaissent, un examen ophtalmologique et une décision sur la nécessité d’un traitement sont bien sûr nécessaires.
Si les patients atteints de toxoplasmose oculaire ou cérébrale développent simultanément une maladie générale grave ou un trouble du système immunitaire – par exemple en raison de la prise de médicaments à la suite d’une greffe d’organe ou dans le cas de maladies générales graves telles que le cancer ou de la chimiothérapie – le risque d’activation de l’infection est particulièrement élevé. Dans de tels cas, il convient d’envisager un traitement médicamenteux préventif à base d’antibiotiques pour prévenir l’apparition de la toxoplasmose.
On ne sait pas très bien ce qui peut déclencher une résurgence de la maladie. Cependant, il y a des indications qui prouvent que le stress, les rythmes irréguliers jour-nuit, la consommation excessive d’alcool et de drogues et toutes les déficiences du système immunitaire, favorisent l’apparition de récidives. Il est théoriquement possible de prévenir ou d’éviter l’infection à vie, mais dans la pratique, cela n’est guère possible et, en raison du peu de problèmes en cas d’infection par la toxoplasmose, en dehors de la grossesse, cela n’est pas conseillé. Une prévention de la toxoplasmose doit toutefois être conseillée à toutes les femmes sans anticorps lorsqu’elles tombent enceintes. Les femmes qui n’ont pas d’anticorps contre l’agent pathogène doivent connaître les voies de transmission de l’infection lorsqu’elles souhaitent avoir un enfant ou au début de la grossesse et doivent essayer d’éviter toute nouvelle infection. Pour cela, il est important non seulement d’éviter tout contact avec de la viande crue ou de se laver soigneusement les mains par la suite, mais aussi de se laver soigneusement les mains après un contact avec la terre et les légumes du jardin et de nettoyer soigneusement tous les légumes avant de les manger, car ils peuvent être contaminés par des kystes de parasites. Tous les objets susceptibles d’avoir été en contact avec des chats et des excréments de chat doivent être manipulés avec une attention particulière et les propriétaires de chats doivent prendre toutes les précautions nécessaires en cas de grossesse (voir par exemple le site de l’Institut Robert Koch de l’Office fédéral de la santé publique). Si ces précautions sont respectées, le risque de développer une toxoplasmose pendant la grossesse est faible.
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RÉSUMÉ
En résumé, la toxoplasmose est la cause infectieuse la plus courante de l’uvéite. L’agent pathogène, Toxoplasma gondii, est présent partout dans le monde. On estime que 30 à 80 % des personnes en sont atteintes au cours de leur vie. On ne sait pas ce qui conduit à une manifestation oculaire (rétinochoroïdite). Une déficience visuelle est la conséquence de la présence de foyers sur le point de l’acuité maximale de la vision (macula) et qui sont plus fréquents dans la forme congénitale. En cas de besoin, un diagnostic de l’œil peut être établi dans plus de 80% des cas, par un examen parallèle du sang et du liquide oculaire, mais les techniques de laboratoire ne permettent pas de distinguer la forme congénitale de la forme acquise. La toxoplasmose réapparaît dans environ 60 % des cas à un moment donné de la vie (rechutes). Les facteurs qui déclenchant ces récidives ne sont pas encore connus, ce qui signifie qu’elles ne peuvent être évitées à l’heure actuelle. Le traitement vise à réduire le risque de troubles visuels permanents si un point focal menace le centre de la rétine (macula). Nous ne savons pas comment éviter les récidives de la toxoplasmose oculaire. Par conséquent, pendant leur grossesse, les femmes qui n’ont pas été en contact avec l’agent pathogène auparavant (= qui n’ont pas d’anticorps), doivent avant tout veiller à réduire le risque d’infection.
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RECOMMANDATIONS
Recommandations pour la prévention de la toxoplasmose durant la grossesse
- Qu’est-ce que la toxoplasmose ?
La toxoplasmose est une maladie infectieuse causée par un parasite microscopique. Environ un tiers de la population est contaminé au cours de sa vie, sans que les symptômes de la maladie ne se manifestent. La contamination se fait le plus souvent par la consommation de viande crue ou insuffisamment cuite. - Que signifie la toxoplasmose pour les femmes enceintes ?
Si une femme est infectée pendant sa grossesse, l’infection peut également être transmise à l’enfant à naître. Dans de rares cas, cela peut entraîner une inflammation des yeux et des lésions cérébrales chez l’enfant. - Comment puis-je protéger mon enfant avant la naissance ?
Il existe des médicaments qui ont une certaine efficacité contre les parasites mais qui ne permettent malheureusement pas d’empêcher la transmission de l’infection à l’enfant ou d’empêcher l’apparition de symptômes chez les enfants infectés. Un diagnostic ou un traitement de l’infection durant la grossesse n’est donc d’aucune utilité. - Y-a-t-il malgré tout un moyen de protéger mon enfant ?
Vous pouvez tout de même réduire le risque de toxoplasmose en cours de grossesse. En suivant un certain nombre de recommandations simples, il est possible de réduire la probabilité d’être infectée. - A quoi dois-je faire particulièrement attention en cuisine ou en termes d’alimentation ?
A la cuisine et à table : pendant toute la grossesse, évitez de consommer de la viande crue (par exemple steak tartare) ou insuffisamment cuite (en particulier viande saignante de bœuf, d’agneau, de volaille ou de gibier). Lavez soigneusement vos mains et les ustensiles de cuisine lorsque vous manipulez de la viande crue ou des abats. - Que puis-je faire de plus (à la maison, au jardin, au travail) ou si je possède un chat ?
Les parasites peuvent se multiplier dans l’intestin du chat et peuvent être déposés dans l’environnement lorsque le chat émet des selles. Même si le risque de contagion est faible, il est prudent de se laver soigneusement les mains après avoir manipulé du sable, de la terre ou des légumes frais. Ne nourrissez pas votre chat avec de la viande fraîche mais uniquement avec des aliments en boîte. La litière du chat n’a pas sa place dans la cuisine. Portez des gants de caoutchouc lorsque vous nettoyez la litière du chat et lavez-vous soigneusement les mains après. Soyez attentive à une bonne hygiène des mains également si vous travaillez dans l’agriculture, la restauration, le commerce de fleurs ou de petits animaux.
- Qu’est-ce que la toxoplasmose ?